Aumônier militaire : pour quoi ?

Notre cousin David MacKain, nous raconte le quotidien d’un aumônier militaire.

Aumônier militaire : pour quoi ?

D’abord : servir ! Comme aumônier militaire, j’ai eu la chance de servir pendant 20 ans à la fois mon Dieu et mon pays.

Ensuite, pour être là quand le besoin se fait sentir : un ou une aumônier est une personne qui doit être là quand on a besoin d’elle. Cette définition est valable pour les différents types d’aumônerie : prison, hôpitaux, aéroport ou Armées, ministères que j’ai eu la chance d’accomplir pendant ma carrière pastorale.

Dans ce tronc commun une constante est essentielle : c’est à l’aumônier d’aller visiter les personnes pour se faire connaître en vue d’être appelé si besoin, avec de prime abord les attitudes essentielles : 

  • Demander ce que l’on peut faire pour la personne en demande ;
  • Refuser tout jugement à son égard ;
  • Être à la disposition de toute personne qui le demande, quel que soit son culte.

Ainsi, le titre exact d’un aumônier militaire est « aumônier militaire du culte catholique, israélite, musulman ou protestant » : la particularité cultuelle ne s’applique que dans le cadre de la célébration.

En opérations extérieures (OPEX), il m’est arrivé d’inviter au culte des catholiques pratiquants, faute de prêtre à proximité, notamment à cause de l’amplitude des territoires concernés. Il m’est aussi arrivé d’organiser la possibilité pour des musulmans d’avoir accès à un espace de prière et de partager la lecture des psaumes avec un israélite. Ce rôle de passerelle a été essentiel dans l’exercice de mon ministère.

Nous touchons là à ce qui est spécifique à l’aumônier militaire : il est officier servant en vertu d’un contrat, donc pleinement militaire. Il en a le statut, les habilitations, le devoir de réserve, une part de l’entraînement et quand il est en mission, il partage pleinement la vie des autres soldats avec qui il est projeté : la rusticité à certains moments, l’exiguïté dans un camp trop petit, la chaleur ou le froid, les jours entiers de déplacements en convois, etc….

C’est ce qui fait de lui une personne essentielle dans la chaîne de soutien. Chargé officiellement du réconfort moral et spirituel de la troupe, cette possibilité de partager directement les conditions qu’ils vivent lui permet d’être considéré comme l’un des leurs capable de les comprendre. Se nouent alors des relations de confiance suffisamment fortes pour qu’un militaire n’hésite pas à trouver l’aumônier pour lui faire part de ce qu’il ressent. Cela amène alors des moments humains parfois exceptionnels et inattendus. Cela peut être très lourd, parfois épuisant tant par le propos que par la durée, mais avec le sentiment extraordinaire d’avoir été utile à la personne se confiant à vous. Ce furent de vrais moments de grâce.

L’aumônier a un grade miroir. Il a le rang de la personne à qui il s’adresse, ce qui, dans un milieu fortement hiérarchisé, est un atout indéniable. D ‘ailleurs, sa deuxième mission officielle est le conseil au commandant. Parce qu’il est un capteur de moral, il est à même d’aller voir le commandement pour lui faire du moral ou l’alerter sur une injustice. 

Au moment de prendre ma retraite, je repense aux paysages parcourus lors des 11 projections accomplies, aux moments partagés comme les Noëls en OPEX ou auprès des militaires de l’opération Sentinelle en France (qui assurent la protection des espaces publics), dans ce milieu militaire dans lequel la première qualité est la générosité.

En repassant dans ma mémoire toutes mes années de ministère, dont les 14 années en paroisse et sans omettre les moments compliqués rencontrés, je pense aux propos que René Morax fait tenir au Roi David dans l’oratorio d’Arthur Honnegger : 

Mon Dieu, cette vie était si belle ! Je te bénie, toi qui me l’a donnée.

David MacKain